2013/02/13

Les Etats-Unis, un empire qui s'effondre

Jacques Attali a bien voulu résumer dans son billet du 11 février "Les Etats-Unis sont en faillite" un bilan économique et social que j'expose depuis longtemps en toute rigueur et transparence notamment dans les pages suivantes, de manière plus fouillée : 
Il me parait important de souligner que les Etats-Unis ne sont pas seulement en faillite: c'est un empire qui s'effondre. La perspective des conséquences en est complètement changée.
C'est dans cette optique que je formule une réponse à un des premiers commentaires du billet d'Attali, en me limitant uniquement aux thèmes mentionnés par ce lecteur :
raymond75 Les Etats-Unis sont en faillite sur les livres de comptes ; ils restent une formidable puissance économique, la première pour l’informatique et l’espace, et disposent d’une très grande capacité à imposer des traités commerciaux avantageux pour eux.
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Ils sont aussi la seule puissance mondiale capable d’exercer un « leadership » sur le monde entier : l’OTAN et le défense de l’Europe, c’est eux et pas nous ; les opérations extérieures françaises n’existeraient pas sans leur aide ; et ils échange les ventes d’armes contre des accords économiques et de défense. Ils peuvent frapper n’importe quel point du monde en quelques heures.
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Même en ruine ils restent un géant et l’Europe un nain, et ils ont la planche à billets. S’ils le souhaitent, ils annuleront leur dette comme ils ont annulé la parité or-dollar.
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La Chine n’existe aujourd’hui qu’en tant que sous-traitant des sociétés occidentales, pour assembler et exporter. Elle est très fragile en fait, et a des problèmes d’alimentation en eau, nourriture, énergie, révoltes permanentes et pollutions dantesques.

Sur les premier et troisième points :
  • La faillite comptable des Etats-Unis n'est en rien comparable au défaut de paiement qui a affecté l'Argentine fin 2001 par exemple, par sa dimension et son poids dans l'économie mondiale. Imaginer qu'une telle faillite puisse se traiter aussi simplement qu'une écriture dans un livre de comptes est révélateur d'une myopie intellectuelle, ou d'une mauvaise foi.
  • La "formidable puissance économique" ne l'est plus: l'activité commerciale est en majeure partie tirée par des importations, financées par une dette abyssale ; même en volume, le commerce des US en 2012 passe derrière celui de la Chine
  • L'activité informatique essentielle (le développement) des grands éditeurs traditionnels comme Microsoft, IBM, Oracle ou Apple est depuis longtemps offshorisée en Asie. L'avenir des Google ou Amazon est lié à la législation sécuritaire des USA pour le Cloud, et la montée des concurrents asiatiques. Les Facebook/Twitter ont déjà de nombreux équivalents.
  • Pour l'espace, les arrêts successifs des programmes de la NASA pour raison budgétaire doit être mis en balance avec l'essor des nouveaux programmes spatiaux de Europe et notamment ceux qui reposent sur une stratégie de partenariat avec les pays BRICS.
  • Pour la capacité d'influence des USA depuis 2008, ou soft power, il s'agit plus d'une survivance ancrée dans l'esprit des anciennes générations qu'autre chose. Le monde change... vite. Dire que l'Europe est un nain revient plus que jamais à vouloir rester à genoux. Et le géant a les pieds d'argile de la finance. Je vous laisse observer les évolutions historiques du système monétaire international (1, 2) qui sont en train de prendre place.
Sur le deuxième point :
  • Le leadership géostratégique n'est déjà pas si évident aujourd'hui (retrait en désordre d'Irak, bientôt d'Afghanistan, tentative d'une stratégie de pivot vers le Pacifique) ; et il le sera de moins en moins avec l'arrivée prochaine des nouveaux systèmes d'armes hypervéloces qui rendront simplement obsolète le concept de porte-avions, lents fleurons de la capacité de projection des USA. Bien des progrès ont été réalisés depuis la torpille Shkval dont vous ignoriez sans doute les capacités et dont la conception remonte aux années 60.
  • Pour la "protection" de l'Europe, on doit déjà se poser la question de contre qui nous avons besoin d'être réellement protégés, et aussi regarder la réalité du bouclier de missiles US.
Sur le dernier point : c'est vrai que la Chine doit affronter une transition difficile, notamment sur les plans sociaux et écologiques. Mais leurs dirigeants ont pleinement conscience de cette responsabilité, à l'inverse des influences du gouvernement US depuis des décennies. Et imaginer qu'ils resteront et doivent simplement être considérés comme des SOUS-traitants, sans faire cas d'une réciprocité des rapports entre blocs souverains et d'une nécessaire discussion à égalité, c'est faire état d'une méconnaissance injurieuse de la géopolitique et des relations internationales au XXIème siècle.

Vous trouverez sur ce blog et ailleurs les éléments rationnels qui concernent les autres volets qu'il faut nécessairement prendre en compte pour comprendre toutes les implications stratégiques de l'effondrement d'un empire comme celui des US, de la transformation du monde d'avant pour faire naître le monde d'après.

Mise à jour le 15/02/2013 
En complément vous pourrez lire avec intérêt :
1) cet article concomitant de K. Mahbubani publié par l'institut Yale Center for the Study of Globalization :  Is the US Ready To Be Number Two?
2) ces articles du Global Europe Anticipation Bulletin édité par le Laboratoire Européen d'Anticipation Politique, think-tank fondé par Franck Biancheri et le premier sur la pertinence des analyses de la crise systémique mondiale et de ses aboutissements:

2013/02/11

L'hiver américain


 Le 11 janvier 2013 à New-York, Aaron Swartz[1] mettait fin à ses jours. Il était l’objet d’une procédure depuis janvier 2011 pour un acte des plus bénins : cet intellectuel de 26 ans avait copié 4 millions d’articles scientifiques de la base JSTOR au contenu de laquelle il avait droit d’accès du fait de ses activités au MIT. Bien que l’intégralité de ces articles ait été financée par des fonds publics, la plupart ne pouvaient être consultés qu’avec une souscription. C’est en signe de protestation contre les limitations d’accès à un bien commun qu’Aaron Swartz a commis cet acte. Etant un des fers de lance du mouvement revendiquant un accès libre aux informations[2], Aaron Swartz n’a pourtant jamais rediffusé ces fichiers et les a rendus en juin 2011 au MIT. Dès le mois suivant il était cependant mis en accusation par un procureur, qui a encore alourdi les charges pesant contre lui en septembre 2012. Aaron Swartz était alors l’objet, toujours pour les mêmes faits, de 13 chefs d’accusation et encourait jusqu’à 35 ans de prison, 1 million de dollar d’amende  accompagnés de procédures de rétorsion aggravées. À titre de comparaison éclairante, la loi U.S. punit d’un maximum de 20 ans de prison les faits qualifiés d’aider des terroristes à se procurer une arme nucléaire.[3] Le 9 janvier JSTOR ouvrait finalement ses archives au public, mais la machine de persécution du système judiciaire US ne pouvait plus être arrétée.

En ce premier jour de mémoire[4] , il nous semble important de souligner la contribution essentielle d’Aaron Swartz dans le domaine de la politique des libertés individuelles. Celles-ci sont en effet à nouveau profondément questionnées avec l’émergence des  systèmes d’informations sociaux et l’accès de masse à internet. C’est ici un moment historique où les trois entités du pacte social (les citoyens, les entreprises et l’Etat) sont dans l’obligation de redéfinir attentivement leur positionnement respectif, et qui survient conjointement au déclin des Etats-Unis sur la scène internationale. Nous y reviendrons en dernière partie après avoir discuté :
  • La symbolique du geste d’Aaron Swartz
  • Les conséquences immédiatement observées
  • Les autres conséquences que l’on peut attendre des tendances lourdes ainsi mises en lumière

Tout un symbole

Aaron Swartz vivant est déjà un symbole : jeune, inventif, entrepreneur de start-ups, intellectuel engagé, progressiste, il a déjà acquis un prestige certain dans la génération connectée par le courage de ses positions sur les libertés individuelles menacées et son lobby contre la loi SOPA. C’est aussi un symbole pour le système qui érode les libertés individuelles de manière accélérée depuis 2001.[5]
La mort d’Aaron Swartz nous rappelle celle de Mohamed Bouazizi, qui s’est lui aussi suicidé à 26 ans en signe de protestation ultime contre la politique de son gouvernement. Son geste sera un symbole pour toute une génération de jeunes qui se reconnaitront en lui. De la même manière, la mort d’Aaron Swartz est aussi un geste politique, celui d’un homme persécuté par un système judiciaire qui trahit ses citoyens au lieu de les protéger[6]. Les deux années de procédures kafkaïennes[7] où le procureur outrepasse sans aucun contrôle l’esprit et la lettre des lois en utilisant un texte entré en vigueur un mois après l’entrée des U.S. dans la première guerre mondiale[8] ou le très controversé CFAA[9] dans le seul objectif de contraindre Aaron Swartz à plaider coupable pour lui permettre d’obtenir une sentence plus faible, ne nous rappelle rien d’autre que Le Procès[10], où un homme de 30 ans est brusquement entraîné dans un système judiciaire arbitraire, inhumain et absurde. Aaron Swartz aura finalement une conscience  morale plus forte que celle de Joseph K. Sa lucidité, et non son désespoir, lui indique que « la seule façon de ne pas perdre au jeu auquel le gouvernement le contraint, c’est de ne pas jouer ». S’il sort ensuite du jeu, c’est nous qui endossons son témoignage[11].


Les premières conséquences

La mort d’Aaron Swartz présente tous les ingrédients pour accélérer une prise de conscience au sein de la communauté connectée. Comme tout symbole, il est fédérateur.
La partie change de dimension, mais pas de perspectives. Les nouveaux acteurs ne se sentent pas seulement concernés ; ils se sentent eux-mêmes visés par les intentions politiques d’un système judiciaire coercitif, qui ignore superbement les dérives extraordinaires des acteurs du système financier et qui persécute les défenseurs des libertés individuelles. Cette idée même du sens commun de la justice bafouée est capable de fédérer au-delà des frontières traditionnelles des partis. Ce n’est pas un petit groupe de personnes qui est remis ouvertement en cause, mais bien la réelle légitimité d’un système de gouvernement qui autorise de tels traitements judiciaires. C’est donc une profonde crise politique qui s’annonce.

Les premières initiatives sont de deux ordres :

1) La mobilisation « Opération Angel » tout d’abord, qui vise à prolonger immédiatement l’action politique de Aaron Swartz en modifiant la loi CFAA, par un lobbying contre la proposition de loi CISPA, ou des pétitions pour remplacer les procureurs et intervenants clés dans l’affaire Aaron Swartz. Ces actions sont publiques et se prolongent en manifestations dans la rue. Pour les participants elles sont connectées au mouvement Anonymous, qui est le groupe politique informel le plus proche des positions d’Aaron Swartz. Ainsi le port des célèbres masques et les #Anonymous sont fortement corrélés à ces manifestations :

 Impacts des premières mobilisations sur le réseau Twitter ;
Source : topsy.com

2) La radicalisation du mouvement apparait dès le 25 janvier avec le hacking du site ussc.gov qui lance la phase publique de la mobilisation « Last Resort » (dernier recourt). Ce type de radicalisation avait été anticipée.
Il s’agit ici d’une action à visée médiatique, qui se déroule exclusivement sur Internet et aux marges des lois en vigueur. Le message diffusé[12] à cette occasion par ce collectif de la mouvance Anonymous exprime très clairement plusieurs motivations :
  • Qu’il s’agit d’une opération préparée de longue haleine en réponse aux arrestations d’hacktivistes.  On pense notamment à l’arrestation du groupe LulzSec, aux US et en Europe[13] suite au retournement  de « Sabu » en 2011, qui a été convaincu de collaborer en tant qu’agent double avec le FBI. Les peines encourues sont toujours supérieures à 20 ans de prison.

  • Que son déclanchement est la conséquence de la mort d’Aaron Swartz, directement causée par la persécution d’Etat dont il a fait l’objet ;
  • Que le sens commun de la justice est au-dessus de l’expression de la loi par l’Etat, quand celle-ci est perçue comme une trahison de l’intérêt des citoyens ou de leurs libertés ;
  • Qu’il n’y a pas de volonté de négocier ; c’est un ultimatum qui est lancé au gouvernement pour qu’il lance une réforme en profondeur des nombreuses lois liberticides ;
  • Qu’il s’agit d’une pure expression politique du combat en cours entre citoyens et Etat pour préserver les libertés individuelles, et pas une simple performance technique à des fins de publicité. Si des interlocuteurs sont désignés pour les réformes à engager, il s’agit d’intellectuels progressistes qui n’ont aucun lien avec ces hackings ;
  • Qu’il ne peut y avoir qu’une seule issue : la mise en place par le gouvernement des réformes exigées. Le combat ne cessera pas avant cela ; il s’étend donc dans le temps et dans l’espace puisque plusieurs sites fédéraux ont été infiltrés selon Anonymous ;
  • Que le message s’adresse aux citoyens du monde entier, et pas seulement aux Américains même si c’est seulement ce dernier qui est visé ; c’est une caractéristique essentielle de ce mouvement de contestation, qui recrute des membres actifs au-delà des frontières, même pour des causes dont on pourrait naïvement penser qu’elles ne concernent que les citoyens américains ;

Après le DoJ: la FED attaquée

On remarque que cet ultimatum pouvait prendre de court le reste du mouvement Anonymous, jusqu’à présent plus modéré. Pourtant cette opération a été « validée » par le reste du mouvement (ses auteurs ont notamment participé à de nombreuses autres opérations préalables) et est ainsi officiellement supportée par le collectif #YAN chargé de médiatiser les opérations. Les très rares messages qui expriment des doutes ou des distances n’ont aucun écho (j’exclue les milliers de comptes twitter tout juste piratés et qui ont tous le même jour diffusé le même commentaire négatif pour discréditer cette opération). Désormais, il n’est pas exagéré de dire que tout membre d’Anonymous qui ne souhaiterait pas être confondu avec cette rébellion contre le gouvernement U.S. devrait au préalable créer pour se distinguer un autre « concept-chapeau », une autre marque. Anonymous a répondu à la logique d’escalade imposée par l’érosion programmée des libertés civiques.

Deuxième remarque : le premier hacking de cette opération s’est accompagnée de la diffusion de plusieurs archives cryptées, pour l’instant sans la clé de lecture. Elles contiennent sans doute des fichiers récupérés sur des sites fédéraux. Ce choix de diffusion, s’il vise explicitement à contacter de manière sécurisée des journaux, n’utilise pas les procédures déjà rodées du canal Wikileaks. Cela a surpris la communauté et entraîné un doute chez les médias qui redoutent déjà de ne plus être protégés par le 1er amendement[14], jusqu’à la diffusion le 4 février d’une liste de 4600 noms de hauts représentants des institutions financières des U.S. avec leurs coordonnées et mots de passe (cryptés), obtenus en hackant certains sites de la Reserve Federale.


La Fed a bien tenté de minimiser cette infiltration[15], mais après la nouvelle diffusion le 8 février d’un listing de 120 000 fichiers présents sur plusieurs serveurs de la FED[16], il faut en tirer d’autres conséquences :

  • L'immense majorité de ces fichiers sont d'accès public, mais pas tous. Ces Anonymous ont eu accès pendant une longue durée au système de fichiers de ces serveurs, en lecture et en écriture ; 
  • Il est donc parfaitement possible que les Anonymous aient pu placer de nouveaux fichiers java ou des scripts ColdFusion en remplacement de certains présents, ce qui potentiellement pouvait permettre d’enregistrer les mots de passe circulant dans le flot d’exécution de l’application utilisée par les banquiers, lesquels sont à ce moment-là le plus souvent stockés en mémoire et sans cryptage.
  • En effet, il faut s’interroger sur le fait de diffuser la liste des mots de passe cryptés sur Internet : la première mesure prise sera de réinitialiser tous les mots de passe une fois l’application restaurée par la FED dans un état non compromis (ou sensé l’être !... si un attaquant était en mesure d’opérer en mode "man-in-the-middle" ou avec un code applicatif compromis à ce moment critique, il récupérerait en quelques heures ses logs avec tous les nouveaux mots de passe non cryptés qui viennent d'être choisis par les utilisateurs…). 
  • Pour notre part, cela signifie que ces mots de passe avaient déjà remplis leur usage pour les Anonymous, c’est-à-dire que leur valeur était connue… et qu’ils avaient déjà été utilisés par ailleurs. Etre en capacité de modifier les fichiers du serveur d’applications signifie pouvoir envoyer sur le PC des banquiers utilisateurs un code approprié qui peut exploiter leurs configurations précises : plugins java, flash, navigateur… les failles « zero-day » de ces composants deviennent particulièrement faciles à utiliser pour récupérer ensuite d’autres informations ou fichiers directement sur le PC de ces utilisateurs. Le listing diffusé des fichiers n’en fait pas mention… mais cette opération Last Resort ne fait que commencer. On comprend qu'outre les noms et adresse livrés au public, le plus déstabilisant pour le système financier U.S. c’est ce que nous ignorons encore et qui soit en la possession des Anonymous tant les possibilités sont vastes ! C’est une pratique habituelle des guerres de l’information.
Le même jour, Bloomberg annonçait qu’Obama avait l’intention d’accélérer la publication d’un ordre exécutif présidentiel permettant d’accroître la cybersurveillance[17] (aussi nommé cybersécurité suivant de quel côté on se trouve) dans la lignée de la proposition CISPA. L'escalade continue.[18]

Terminons cette partie par une précision : 
l’ex-policier Dorner a lancé le 4 février une vengeance personnelle meurtrière contre plusieurs personnes de son ancien service, en publiant auparavant sur sa page facebook un long manifeste intitulé lui aussi Last Resort.
Cet homme, patriote et soldat, qui a totalement perdu confiance dans le système judiciaire et policier de Los Angeles, qui se déclare explicitement soutenir Obama et le camp démocrate, est contre la vente libre des armes à feu, n’a aucune connexion avec l’opération des Anonymous. Pour reprendre le titre du dernier fichier diffusé par ces Anonymous : « Dorner est un symptôme, pas un syndrome »

[part 3 to be continued soon]




[2] Standard RSS, Open Access, Creative Commons, Demand Progress, mouvement contre la loi SOPA/PIPA
[3] “Participation in nuclear and weapons of mass destruction threats to the United States”, 18 USC § 832
[6] Boston.com, 02/01/2013
[10] Œuvre de Franz Kafka, rédigée entre 1914 et 1925
[11] The Nation, 01/12/2013
[12] See the video (full text here)
[13] CNN.com, 03/06/2012
[14] EFF.org, 07/2012
[15] Networkworld.com, 02/08/2013
[16] ZdNet.com, 02/08/2013
[17] TheVerge.com, 02/08/2013
[18] En réponse à cet ordre présidentiel (critiqué ici), le 4ème round de l'opération a été déclenché au moment du discours sur l'Etat de l'Union le 12 février (#OpSOTU). Ce fut un échec, sans doute par manque de temps de préparation des détails techniques. Mais on peut se demander pourquoi les leaders de #OpLastResort n'ont pas dévoilé à cette occasion la ou les clés de décryptage des fichiers "warheads" qu'ils avaient diffusé au départ de l'opération, puisque cet ordre présidentiel représente justement les lois liberticides contre lesquelles ils s'élèvent. Ils se sont contentés de dire qu'il y aurait 12 rounds dans ce combat contre le gouvernement US.
Le 17 février, un autre Anonymous apparemment indépendant des leaders de l'opération #OpLastResort a diffusé sur Zerobin des données brutes qu'il déclare extraites d'une base de données du site State.gov, le ministère des affaires étrangères US. Dans l'attente de confirmations, il faut rester prudent à ce sujet pour l'instant, des manipulations restent parfaitement possibles. Rien de plus facile que de créer des fausses données apparemment ou partiellement vraies.


Le jour d'après, les leaders d'#OpLastResort ont annoncé un nouveau hack sur une banque d'investissement qui s'occupe notamment des Municipal bonds. C'est un client de l'agence Stratfor qui avait été hackée par Anonymous et dont un important historique d'emails avait ensuite été diffusé via Wikileaks début 2012. Voir cet article de ZdNet.


2013/01/29

Operation Last Resort and the upcoming American Winter

This Operation from Anonymous has started its public phase on Friday January 25, 2013 early in the morning, with the hacking of ussc.gov website. It has been re-hacked again on January 27th.

The text released for this 'Operation Last Resort' indeed deserves a strong attention. It explains why the common sense of justice is above the state expression of the law, when it is perceived as a betrayal of the people.

Excerpt of the video (full text here) :
“Citizens of the world, 
Anonymous has observed for some time now the trajectory of justice in the United States with growing concern. We have marked the departure of this system from the noble ideals in which it was born and enshrined. We have seen the erosion of due process, the dilution of constitutional rights, the usurpation of the rightful authority of courts by the “discretion” of prosecutors. We have seen how the law is wielded less and less to uphold justice, and more and more to exercise control, authority and power in the interests of oppression or personal gain. 
We have been watching, and waiting. 
Two weeks ago today, a line was crossed. Two weeks ago today, Aaron Swartz was killed. Killed because he faced an impossible choice. Killed because he was forced into playing a game he could not win — a twisted and distorted perversion of justice — a game where the only winning move was not to play. 
[...]Last year the Federal Bureau of Investigation revelled in porcine glee at its successful infiltration of certain elements of Anonymous. This infiltration was achieved through the use of the *same tactics which lead to Aaron Swartz’ death. It would not have been possible were it not for the power of federal prosecutors to thoroughly destroy the lives of any hacktivists they apprehend through the very real threat of highly disproportionate sentencing. As a result of the FBI’s infiltration and entrapment tactics, several more of our brethren now face similar disproportionate persecution, the balance of their lives hanging on the severely skewed scales of a broken justice system.  
We have felt within our hearts a burning rage in reaction to these events, but we have not allowed ourselves to be drawn into a foolish and premature response. We have bidden our time, operating in the shadows, adapting our tactics and honing our abilities. We have allowed the FBI and its masters in government — both the puppet and the shadow government that controls it — to believe they had struck a crippling blow to our infrastructure, that they had demoralized us, paralyzed us with paranoia and fear. We have held our tongue and waited.With Aaron’s death we can wait no longer. 
The time has come to show the United States Department of Justice and its affiliates the true meaning of infiltration. The time has come to give this system a taste of its own medicine. The time has come for them to feel the helplessness and fear that comes with being forced into a game where the odds are stacked against them.  
This website was chosen due to the symbolic nature of its purpose — the federal sentencing guidelines which enable prosecutors to cheat citizens of their constitutionally-guaranteed right to a fair trial, by a jury of their peers — the federal sentencing guidelines which are in clear violation of the 8th amendment protection against cruel and unusual punishments. This website was also chosen due to the nature of its visitors.[...] 
Today we are launching the first of these. Operation Last Resort has begun… 
Warhead – U S – D O J – L E A – 2013 . A E E 256 is primed and armed. 
It has been quietly distributed to numerous mirrors over the last few days and is available for download from this website [the sentencing website] now. We encourage all Anonymous to syndicate this file as widely as possible. The contents are various and we won’t ruin the speculation by revealing them. Suffice it to say, everyone has secrets, and some things are not meant to be public. 
At a regular interval commencing today, we will choose one media outlet and supply them with heavily redacted partial contents of the file. Any media outlets wishing to be eligible for this program must include within their reporting a means of secure communications. 
We have not taken this action lightly, nor without consideration of the possible consequences. Should we be forced to reveal the trigger-key to this warhead, we understand that there will be collateral damage. We appreciate that many who work within the justice system believe in those principles that it has lost, corrupted, or abandoned, that they do not bear the full responsibility for the damages caused by their occupation. 
It is our hope that this warhead need never be detonated. 
However, in order for there to be a peaceful resolution to this crisis, certain things need to happen. There must be reform of outdated and poorly-envisioned legislation, written to be so broadly applied as to make a felony crime out of violation of terms of service, creating in effect vast swathes of crimes, and allowing for selective punishment. There must be reform of mandatory minimum sentencing. There must be a return to proportionality of punishment with respect to actual harm caused, and consideration of motive and mens rea. The inalienable right to a presumption of innocence and the recourse to trial and possibility of exoneration must be returned to its sacred status, and not gambled away by pre-trial bargaining in the face of overwhelming sentences, unaffordable justice and disfavourable odds. Laws must be upheld unselectively, and not used as a weapon of government to make examples of those it deems threatening to its power.  
For good reason the statue of lady justice is blindfolded. No more should her innocence be besmirked, her scales tipped, nor her swordhand guided. Furthermore there must be a solemn commitment to freedom of the internet, this last great common space of humanity, and to the common ownership of information to further the common good. 
We make this statement do not expect to be negotiated with; we do not desire to be negotiated with. We understand that due to the actions we take we exclude ourselves from the system within which solutions are found. There are others who serve that purpose, people far more respectable than us, people whose voices emerge from the light, and not the shadows. These voices are already making clear the reforms that have been necessary for some time, and are outright required now. 
It is these people that the justice system, the government, and law enforcement must engage with. Their voices are already ringing strong with a chorus of determined resolution. We demand only that this chorus is not ignored. We demand the government does not make the mistake of hoping that time will dampen its ringing, that they can ride out this wave of determination, that business as usual can continue after a sufficient period of lip-service and back-patting. 
Not this time. This time there will be change, or there will be chaos… 
-Anonymous”

This is clearly an ultimatum. In government's eyes, an authentic act of rebellion asking for huge legal reforms in order to turn back on the current road to tyranny

You can follow the updates of this #OpLastResort here (and here for Operation Angel). It is simultenaously going on with a dedicated Twitter social storm to help to inform people and to gather momentum in US.

This #OpLastResort is the tipping point reached over by the Anonymous movement against US government. Such a political action was anticipated here. Now, it is not just a question of PIPA/SOPA, internet neutrality, or privacy rights. It has become for the concerned citizens a question of justice and of their very own liberty.

This will obviously make many other people to move accordingly. For instance Richard Stallman has just published "Protect Your Friends - Protect Julian Assange" : everywhere in US, each people will soon have to make their own political choice, because it is their justice system, and their Republic. And two sides will form, a tiny one and a large one. 

It can be expected that the US government do nothing towards Anonymous requirements, and ignore them publicly (and continue to fight behind the scenes), because they have no others practical choices. It is significant four days later the mainstream media has only published little coverage beside the serious ultimatum launched. We can at this moment link to Washington Times, Examiner, Slate, InformationWeek, IBTimes, Business Insider, The Inquirer, The Register, BBC, WND, CNN, SkyNews, NewEuropeStudentNewsIE, MensNews, MSN, numerous business technology news websites like C|NetZdNet (and others media but in french, german, greek, chinese, russian, arab, spanish, corean... not in english).

The national security ideology dominant into the US government since at least 1976 has finally met its fierce opponent : the widespread ideology about US government corruption and its betrayal of their own citizens. This is very  different than the Occupy movement turned against big CEOs and banks. It is no more a question of revenue sharing (social justice), but a question of power (the way to exercise justice). Each past step and law allowing erosion of civil rights in the same time have made this sentiment to grow in US across any political party, any class, any sector (public, private, and military), any state, any county. And any repression like with AaronSwartz will make the political opponents more and more committed.


Update 02/05/2013 : the second step
Anonymous' @OpLastResort hacked again yesterday others federal IT systems, and announced this putting in emphasis first the attention from [major newspapers and citizens] America and second the US financial  world as the target. More than four thousands updated credentials, cell phones, hashed passwords from bank top management execs were spread.
As I wrote:  two sides will form, a tiny one and a large one. There are of few of them, and we know them.


Read also this good article from ZdNet.
The situation is now embarrassing for Federal Reserve. And this is putting even more pressure against Business as Usual supporters.

Update 02/19/2013 : the following steps
Read this article from ZdNet for a summary, or this one in french.