2017/04/17

Les devoirs du journaliste et ceux du citoyen

 
Un journaliste professionnel est, dans la loi française, un employé. Il ne peut pas être auto-entrepreneur. Il peut obtenir une carte d'identité professionnelle de journaliste pour cette activité. 
"Le droit à l’information, à la libre expression et à la critique est une des libertés fondamentales de tout être humain.
Ce droit du public de connaître les faits et les opinions procède l’ensemble des devoirs et des droits des journalistes.
La responsabilité des journalistes vis-à-vis du public prime toute autre responsabilité, en particulier à l’égard de leurs employeurs et des pouvoirs publics."

Ces devoirs sont soulignés par la Charte de Déontologie de Munich en 1971 signée par  tous les syndicats de journalistes de 6 pays européens. 
Elle reprend la Charte d’éthique professionnelle des journalistes français dont la première version date de 1918, et la dernière de 2011.

Cette charte s'applique à tous les journalistes, professionnels ou pas.

"Le droit du public à une information de qualité, complète, libre, indépendante et pluraliste, rappelé dans la Déclaration des droits de l’homme et la Constitution française, guide le journaliste dans l’exercice de sa mission. Cette responsabilité vis-à-vis du citoyen prime sur toute autre.
Ces principes et les règles éthiques ci-après engagent chaque journaliste, quelles que soient sa fonction, sa responsabilité au sein de la chaîne éditoriale et la forme de presse dans laquelle il exerce.[...]
Le journalisme consiste à rechercher, vérifier, situer dans son contexte, hiérarchiser, mettre en forme, commenter et publier une information de qualité ; il ne peut se confondre avec la communication."

C’est dans ces conditions qu’un journaliste digne de ce nom :
• Prend la responsabilité de toutes ses productions professionnelles, mêmes anonymes ;
• Respecte la dignité des personnes et la présomption d’innocence ;
• Tient l’esprit critique, la véracité, l’exactitude, l’intégrité, l’équité, l’impartialité, pour les piliers de l’action journalistique ; tient l’accusation sans preuve, l’intention de nuire, l’altération des documents (1), la déformation des faits, le détournement d’images, le mensonge, la manipulation, la censure et l’autocensure, la non vérification des faits, pour les plus graves dérives professionnelles ;
(1) sur ce point la charte de Munich précise: "ne pas supprimer les informations essentielles et ne pas altérer les textes et les documents".
[...]
• Dispose d’un droit de suite, qui est aussi un devoir, sur les informations qu’il diffuse et fait en sorte de rectifier rapidement toute information diffusée qui se révélerait inexacte ;
[...]
• Défend la liberté d’expression, d’opinion, de l’information, du commentaire et de la critique ;
[...]
• Ne touche pas d’argent dans un service public, une institution ou une entreprise privée où sa qualité de journaliste, ses influences, ses relations seraient susceptibles d’être exploitées ;
• N’use pas de la liberté de la presse dans une intention intéressée ;
• Refuse et combat, comme contraire à son éthique professionnelle, toute confusion entre journalisme et communication ;
[...]
• Ne confond pas son rôle avec celui du policier ou du juge.

Pourtant, les dérives des journalistes et des médias sont nombreuses et ininterrompues. L'état de la présente campagne présidentielle en est la logique continuité, où il s'agit avant tout d'ignorer le cœur du débat et de transformer en spectacle médiatique une élection à l'américaine.

Créé en 2008, Conscience Sociale est un producteur culturel autonome, suivant la définition et pour les raisons que donnait Pierre Bourdieu en 1996. Nous l'écrivions il y a quelques années déjà : 

Sur les obstacles qui sont apportés aujourd'hui à la liberté de pensée, Chomsky, Bourdieu, Orwell, de Sélys et Collon, Scott ou Joly, et d'autres encore, ont d'ailleurs précédé tout ce que nous avons pu dire et nous dirons encore. En particulier, le principe de la fabrication du consentement une fois imposé, le fait qu'à cet égard les sentiments des foules dépendent de l’influence délétère de bien peu, poussant à la précipitation, à l'incompréhension, à la suspicion ou à la peur, démontre mieux qu'autre chose le degré d'inconscience où nous sommes parvenus.
Un des bons préceptes d'une philosophie digne de ce nom est de ne jamais se répandre en lamentations inutiles en face d'un état de fait qui ne peut plus être évité. La question en Occident n'est plus aujourd'hui de savoir comment préserver les libertés de la presse. Elle est de chercher comment, en face de la suppression de ces libertés, un citoyen peut rester libre. Le problème n'intéresse plus les gouvernements. Il concerne la société civile et d’abord l'individu.
Le citoyen a le devoir de s'informer, et d'informer. Plus exactement, dans nos sociétés au consentement fabriqué, il a le devoir de bien s'informer, et de bien informer. 
Le citoyen ne doit pas rester un simple réceptacle, ou une simple courroie mécanique de transmission d'un like, il doit exacerber son rôle de relai actif de l'information. Chaque prise de parole est un acte politique en même temps qu'un acte de journalisme.

L'idée d'Assemblée Constituante poussée par plusieurs candidats est une répétition de l'Histoire. A force de repousser la vérité depuis si longtemps, celle-ci nous convoquera pour des Etats Généraux, quel que soit le nom du prochain Président(e). 
Vous avez beau ne pas vous occuper de politique, la politique s’occupe de vous tout de même.
(Comte de MONTALEMBERT, 1810-1870)

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